« Qu'est-ce que tu fais Logan ? » « Si tu parles de ça à qui que ce soit, au lieu de leur balancer une vache à leur prochain déjeuner je te balance toi. » Voilà, les mots que j'avais prononcé à Marie lorsqu'elle m'avait vu à la porte de la cage du T-rex, elle ne savait pas ce que je comptais faire, mais moi je savais. Je voulais les voir, plus proche que derrière une cage électrifiée. Je voulais les sentir, je voulais m'en approcher. C'était dangereux, et je le savais. Mais en réalité ? J'aimais le danger, j'avais toujours aimé ça. Et avant d'entrer en tant qu'Animalier dans ce parc, j'avais quelques autres métiers à risque. Que ce soit espion ou même cascadeur, c'était probablement le plus grand risque que je prenais en 28 ans. Lâchant un soupir assez audible en l'entendant me parler de nouveau, je me tournais vers elle. « Pour ce qu'il s'est passé hier soir... » « Tu crois que c'est le moment de parler d'une partie de baise ? T'es pas la seule à y être passée et tu seras pas la dernière, maintenant tu vas me foutre la paix ou comment ça se passe ? » « Est-ce que tu te rends compte de comment tu parles, Logan ? T'es un vrai.. » « Connard ? Je sais, j'assume, et donc ? » Elle n'avait rien trouvé à répondre, elle qui ouvrait toujours sa bouche pour être plus blessante que la seconde d'avant, qui passait son temps à répliquer même si elle n'apportait rien dans ses réponses. Marie et moi, on avait été proche pendant un long moment. Elle avait été celle qui m'avait suivit dans mon étude des dinosaures et ça avait été celle qui m'avait vu me transformer en bestiaire vivant sur chaque espèce qu'il puisse exister. S'il y avait eu un moment où ça avait finit par casser ? Ca avait été onze ans après notre rencontre, lorsqu'on avait 25 ans, et qu'elle avait avoué ouvertement et en plus de ça devant une grande partie de ma famille qu'elle était amoureuse de moi, de quoi bien me foutre la honte. C'était ce qui avait fait que mon amitié pour elle avait totalement disparue, même si je continuais à accepter la cohabitation de nos deux esprits dans un endroit restreint et limité comme... L'endroit où se situait la porte de la cage du tyrannosaure.

Elle pensait tout comme moi que mon geste avait été suicidaire, et pourtant j'avais refermé la porte derrière moi en étant entré dans cette cage. J'avais avancé de quelques pas avant de sentir la terre trembler sous mes pieds. C'était cette sensation que je cherchais, cette sensation que je voulais. Je pense que je me rappellerais à vie des frissons, à la fois pour mon admiration et pour le peu de peur que je pouvais ressentir, que j'avais eu en voyant les écailles de ce gros lézard apparaître de derrière les feuillages. J'entendais Marie qui me hurlait de revenir et qui appelait d'autres animaliers pour qu'ils viennent aider. Comme s'ils se seraient jeté dans la gueule d'un tyrannosaure pour protéger une personne comme moi. Ce que je veux dire par comme moi ? Un imbécile, réellement, égoïste et plus machiste qu'autre chose, qui passait son temps à baiser, à draguer ou alors devant la cage de son tyrannosaure d'amour en espérant un jour pouvoir le toucher, l'approcher. Qui aurait été prêt à se tuer pour sauver un fanatique des situations critiques et presque suicidaires ? À mon avis, personne. Quand le tyrannosaure s'était approché et que je pus sentir, même d'aussi loin, son souffle, j'eus comme un soulagement. Je n'avais pas bougé, pas d'un seul millimètre,  depuis qu'il était apparut dans mon champs de vision. Les quelques longues minutes que j'avais attendu avant qu'il disparaisse de nouveau et que je sorte de cette cage furent comme les minutes les plus vivantes de ma vie. Je ne m'étais en quelques sortes jamais senti aussi vivant, aussi libre qu'après avoir senti cet animal aussi proche de moi. Quand je fus sortit, et ce ne fut pas une surprise, Marie me plaquait assez brutalement contre le mur en me disant que j'étais un imbécile et que je lui avais fait peur. Ma seule réaction fut de la pousser, et de commencer à vouloir partir avant de l'entendre me parler. « T'es entré dans la cage d'un des plus grands prédateurs de ce parc, Logan, et tu crois que là je vais te le pardonner ? » « Les plus grands prédateurs de ce parc ne sont pas les tyrannosaures, Marie. Ce sont les hommes. Je ne te demande pas de me pardonner, et je ne te demande pas de me parler. Et par la même occasion... Moi, c'est Rider. »

« J'aimerais arrêter de nourrir les tyrannosaures. J'aimerais les dresser. » Je pense qu'avoir demandé ça et pour plus de cette façon était assez culotté de ma part. Mais je n'avais jamais manqué de culot. J'avais toujours été sincère, et j'avais toujours dit de façon claire ce que je voulais. C'était justement ce qui faisait que je réussissais pas mal dans la vie. Ce trait de caractère franc était peut-être apparut après mon adolescence, après tout ce que les personnes que je considérais comme des amis m'avait fait. Parler dans mon dos, m'insulter, et quand je l'avais su me frapper ou me descendre comme si je n'avais jamais mérité d'avoir quoi que ce soit, qui que ce soit. C'était ce qui m'avait forgé un caractère aussi étrange, comme une carapace, et jusqu'à aujourd'hui personne n'avait réussi à la percer. La seule qui savait qui j'étais avant, c'était Marie, ou celle qui continuait de m'appeler Logan alors que je disais clairement que je refusais qu'on m'appelle de la sorte. Marie, soit celle qui pouvait facilement m'ôter toute crédibilité si elle disait au parc entier que Rider, le dresseur de tyrannosaures, avait la phobie de l'eau, ou alors que ce même dresseur avait la phobie des chiens, des araignées ou alors qu'il est claustrophobe ou astraphobe. Mais même si elle le faisait, elle dirait la vérité.  C'est pour ça que je considère l'être humain comme la plus grande des menaces. Les dinosaures peuvent te manger, certes, et après ? Après rien. Les êtres humains, eux, ne te tuent pas en un coup. Ils te brisent, te descendent et te tuent à petit feu, jusqu'à ce que tu finisse par avoir le courage de t'achever toi-même. Mais certes, je suis un être humain. Je me considère plus comme un être reptilien, je ne pense pas avoir quoi que ce soit en rapport avec l'humanité. Et je ne veux pas avoir quoi que ce soit en rapport avec. Maintenant que je vous ai raconté tout ce qui est important à savoir sur moi, je me rends compte que j'en suis presque à oublier les bonnes manières. Je m'appelle Logan Lodérick, mais je préfère être appelé Rider, j'ai 28 ans et je suis anglais. Je suis animalier, plus précisément dresseur des tyrannosaurus rex dans le magnifique parc à thème de Jurassic World. Et vous savez quoi ? J'adore les tyrannosaures.