Nathan était en horaire du matin ce jour-là. Il s’était levé aux aurores et avait commencé par un chocolat chaud avant de prendre sa douche. Comme à son habitude, tout en savourant son déjeuner, l’animalier observait le paysage par la fenêtre appréciant toute la nature visible et recouvrant une grande majorité de l’île. Il aimait ce genre d’environnement, et depuis son enfance, la ville était un lieu qu’il abhorrait par-dessus tout. La nature et les animaux l’apaisaient et le mettaient totalement à l’aise. Même des créatures aussi dangereuses que les dinosaures du parc. Leurs pulsions étaient naturelles et instinctives, et par extension plus facile à prévoir que celles des êtres humains. Son travail lui plaisait énormément, et James recevait régulièrement des remerciements pour l’avoir encouragé à persévérer lors de sa formation avant de venir sur l’île. Cette journée s’annonçait chargée pour le dresseur, d’autant plus qu’il devrait consacrer un temps considérable pour un jeune tricératops. Il l’appelait Dumbo affectueusement, et pour lui porter chance pour sa guérison et lui donner de la force. Un nom adopté de lui seul pour le moment, et qui le resterait probablement. Laissant ses considérations de côté, l’homme se prépara rapidement et rejoignit l’enclos des Tricératops. Il n’y avait aucune naissance de prévue, donc il ne devait pas passer par la nurserie ni le centre. Un détail intéressant de son point de vue.
Comme toujours, Nathan commença par faire un tour de l’enclos pour le vérifier. Les animaux sous sa responsabilité n’étaient guère dangereux, même si ils pouvaient causer d’énormes dégâts lorsqu’ils étaient effrayés. Puis l’animalier partit s’occuper des bêtes. La journée fila rapidement, trop au goût de l’intéressé. L’après-midi arriva sans prévenir, et en observant le soleil, Nate soupira et se dirigea vers son objectif du moment : forcer un jeune tricératops blessé à faire de l’activité pour remettre les choses en place. Pour l’aider dans sa tâche, l’animalier entraîna dans son sillage la mère du petit ou plutôt une mère de substitution. Il était le seul à pouvoir agir de la sorte et même s’approcher d’un petit sans craindre une charge ou une attaque des adultes à proximité, d’autres s’y essayaient parfois mais abandonnaient rapidement lorsqu’ils voyaient ses mastodontes les repousser à la manière des grands pachydermes de l’époque actuelle. Nate encourageait donc ce petit et tentait de l’amadouer par diverses méthodes pour l’obliger à forcer un peu. Il était concentré, et ne remarqua même pas l’arrivée de Kalypso alors que la fin de sa journée approchait. Le dresseur reconduisit le petit jusqu’à un endroit à l’abri pour qu’il se repose, et l’animal mit l’endurance de l’animalier à rude épreuve puisqu’il dut le pousser et le supporter pour terminer le trajet. Il n’eut guère le temps de s’étirer lorsqu’il s’éloigna des créatures.
_ « Hey. Salut toi. »
Kalypso s’était dirigée vers lui comme un boulet de canon avant de lui sauter dans les bras. Son sourire fut communicatif, et Nate afficha un large sourire ravi et joyeux. Elle était comme un rayon de soleil dans le parc, et tout le monde la connaissait par cette bonne humeur constante. Pendant qu’elle parlait du petit tricératops, le dresseur ne put s’empêcher de l’observer dubitatif. Son attention fut reportée sur la demoiselle lorsqu’elle l’interrogea sur sa barbe. Un autre sourire taquin prit la place sur le village de l’animalier, et il fit un petit mouvement de sourcil comme pour dire – va savoir –.
_ « Oh je ne pense pas à grand monde… D’ailleurs je doute que cet artifice plaise à quelqu’un. » Il se gratta sa barbe et tira légèrement la langue. « A la rigueur, je pense à ce petit tricé. J’aimerais bien trouver un moyen de l’obliger à faire plus d’exercice même quand je ne suis pas là. Car malheureusement, il semblerait que je sois le seul capable de l’approcher. J’aimerais pouvoir l’aider plus que je ne le fais… surtout que ça va être un costaud une fois adulte, probablement le plus gros de tous si on tient compte de ses proportions actuelles. »
Son attention était portée sur ce fameux petit, et il réfléchissait à divers moyens. On pouvait nettement sentir son inquiétude et sa déception de ne guère être plus efficace. A ce rythme, l’animalier comptait élire domicile dans l’enclos ou à proximité pour pouvoir s’occuper de ce petit. Il avait toutes les qualités pour devenir le prochain chef de troupe, vu ses proportions et son instinct. Se grattant une dernière fois la barbe, Nate soupira et s’étira totalement cette fois faisant craquer quelques articulations au passage.
_ « Enfin nous verrons bien. Demain est un autre jour. Et toi alors quoi de neuf ? Il parait qu’un des galliminus est malade. » Il la prit alors par l’épaule dans un geste fraternel et protecteur en ajoutant. « Que veux-tu faire pour le reste de la journée ? J’ai fini ce que j’avais à faire et ce que je pouvais faire ici pour aujourd’hui. »
Sans Kalypso, Nathan aurait probablement passé encore quelques heures dans l’enclos des tricératops pour les observer. Même si son rôle consistait principalement à surveiller leur santé et veiller à leur bien-être, il restait un zoologiste et aimait analyser leur comportement. Cela l’aidait aussi dans son travail et sa manière d’aborder chaque créature. Pour le moment, Nate se concentrait sur sa petite sœur de cœur.