Il était une fois la famille Grady, composée d'une mère propriétaire d'une petite pâtisserie. Son corps enrobé face à son trop grand amour pour les desserts excite toujours autant le père policier, au grand désespoir de leurs deux enfants qui ont surpris trop souvent des galipettes déplacées. Les enfants, Owen le terrible et Lucy la sage, ont toujours été terriblement proches malgré leur différence de caractère. L'enfer, les parents l'ont vécu jusqu'à la naissance de leur petit ange, qui, avec les années, a su bien dompter son grand frère. L'imbécile, il a toujours plus écouté sa sœur que ses commandants dans l'armée. Une petite famille sublime, sans gros tracas, sans gros drama. Jusqu'à la récente mort de la matriarche, qui, malgré les avertissements de son médecin de famille, n'a jamais cessé les pâtisseries, qui, avec le diabète, a finit par la tuer. Le papa, maintenant, se laisse tranquillement mourir malgré son affection pour ses petits, parce que sans sa femme, la vie n'est que fade. Owen, il est triste, mais comme tout, il le cache bien. Et comme il est loin, c'est facile d'oublier, de faire comme si elle est toujours là. Après une mauvaise nouvelle, toutefois, vient toujours une bonne. Celle qui est sur le point de poser ses fesses sur Isla Nublar est certaine de le surprendre.



Les roues de sa moto envoient danser roches et poussière à chaque fois qu'il tourne sur la vieille route de campagne. Owen n'est pas content, et ça se voit facilement dans sa manière de conduire. Il entend encore la voix de son commandant qui refuse de le déporter, qu'il doit se faire placer l'cul avant de pouvoir retourner à la guerre. Owen et sa grande gueule, Owen et son soucis avec l'autorité. Tout ce qu'il veut, c'est d'être là avec les autres soldats, car Owen et sa grande gueule sont très appréciées dans les moments sombres. Dans un dernier tournant déclenchant une tornade derrière lui, il rejoint l'autoroute qui le ramènera un jour à San Diego, la ville qu'il n'a jamais quittée. Elle est pourtant fade, aujourd'hui. Elle ne brille plus comme quand il avait seize ans, quand la nuit lui appartenait et qu'il devenait le pire des voyous. Grady, tout le monde de son entourage le dit, c'est un vrai numéro. Malheureusement, ou heureusement, dépendant du point de vue, il n'y en a pas deux comme lui. Ses parents ont croisés les doigts quand il a finit par partir de lui-même dans l'armée, espérant voir un homme changé à son retour. C'est le genre de soldat qui se laisse pas impressionner, qui fonce la tête baissée avec toujours un plan de secours dans la poche arrière. Owen, il en a des souvenirs, des noirs, des blancs, des gris. Et ses parents, ils peuvent voir dans ses yeux qu'il a changé, là-bas. Avant, il prenait tout à la légère parce qu'il en avait rien à foutre. Aujourd'hui, il prend tout à la légère pour les gens autour de lui, pour être toujours là pour eux. C'est un abruti, qui cache son grand cœur derrière son masque d'homme des bois et de sa vieille moto, arrangée toutefois avec amour.



Gamin, il était comme tous les jeunes en attaquant un mangeur de plantes avec un herbivore, imaginant un combat épique. Les jouets, par contre, ont fini par devenir réels. Des dinosaures en chair et en os, quoi demander de mieux? Quand on lui a proposé un poste sur Isla Nublar, il lui fut impossible de refuser. Naturellement, il a négocié un peu histoire d'avoir de bons avantages, mais après son dernier flop avec l'armée, c'est une opportunité en or. Au loin, l'île se dessine enfin. Sa nouvelle maison, un constant contact avec le danger. Si le parc est voulu sécuritaire, si les gens demandent toujours plus de sang, toujours plus impressionnant, ils en viennent à oublier que les prédateurs enfermés n'ont toujours qu'un désir: sortir et manger. Plus l'hélicoptère approche, puis Owen arrive à distinguer Isla Nublar, moins il veut se souvenir de San Diego, si ce n'est de ces proches. Tout ce qu'il sait, alors qu'il entend son cœur battre dans ses oreilles face à l'excitation, c'est qu'une nouvelle aventure commence pour lui. Puis, les raptors dont il devra s'occuper lui viennent à l'esprit, le forçant à perdre les pédales. S'avançant le plus possible avec sa ceinture de sécurité, il sort comme il peut sa tête dans le vent pour lancer un cri victorieux.



Accoudé sur la passerelle au-dessus de l'enclos des raptors, Owen les observe attentivement. Il voit Delta grogner après Charlie, Echo se camoufle sous quelques arbres, accompagnée de Blue qui lui lance toutefois un long regard parmi les feuilles. Grady ne baisse pas les yeux, jusqu'à ce que la belle voit son attention dérivée vers le dinosaure à ses côtés. Un petit sourire étire inconsciemment les lèvres du brun, qui ne peut qu'avouer l'excellent choix qu'il a fait en venant ici. Il se sent chez lui depuis le premier jour, et d'ailleurs, il a parfois envie de balancer les visiteurs agissant comme des abrutis au fond de l'eau. Hé, Owen, arrêter de courtiser Blue, tu lui fais peur, que lui lance ses collègues, près à quitter pour la soirée. Écoute, quand on est beau comme ça, qu'il commence en se pointant la tête du doigt, un sourire charmant aux lèvres, on a pas le choix de briser des cœurs, même ceux des dinosaures, qu'il conclut tout en descendant l'escalier. S'échappent alors un tas de conneries, qu'il est bien inutile de répéter, vu le peu de profondeur des sujets, versus la profondeur des décolletés cités.