- Qui suis-je ? Question existentielle que tout le monde se pose au moins une fois dans sa vie. Qui suis-je réellement ? C’est mieux. Je pourrais tenter de vous énoncer de belles phrases  en vous disant que je suis quelqu’un de formidable, d’unique, de populaire et de sexy. Mais s’inventer une vie est tellement has been que je vais être sincère. Je m’appelle Eliott (Oui, comme le dragon.) Je suis le fils d’Aria McMillan et de Scott Foster. J’ai 19 ans et j’étais en première année de droit avant de me faire virer. J’ai une petite sœur, Lyly-Rose, avec qui je ne suis pas vraiment proche. Mais je suis quelqu’un d’assez famille, si quelqu’un fait du mal à ma sœur, je le bute. Je suis né à Los Angeles. Ma mère et mon père étaient encore fous l’un de l’autre à cette époque. Ma sœur et moi avions de la chance, nous avions une famille idéale. Ma mère, Aria, a toujours été mon modèle. Petit, je regardais toujours les vieux albums du temps où c’était une cheerleader pétillante et souriante. Elle était belle, gentille et même déjantée parfois avec sa meilleure amie, June. J’ai toujours voulu ressembler à mon père aussi. Gamin, j’étais également fort proche de lui ; il m’emmenait jouer au baseball, jouer au foot au parc et plein d’autres trucs que les pères font avec leur fils. J’ai vécu une enfance sans vague ; mes parents m’aimaient, je n’ai jamais eu besoin de rien et nous vivions dans le bonheur. De plus, c’est lors de mon enfance que j’ai rencontré mon ex-fiancée, Jade. Depuis la première fois que je l’ai vue, j’en suis littéralement tombé amoureux. Je devais avoir cinq ou six et même à cet âge je savais qu’elle était la femme de ma vie.

J’étais un adolescent bien dans ma peau. J’avais une fiancée parfaite. J’avais de bonnes notes, je faisais du théâtre et que j’étais plutôt doué au basket. J’adorais ma vie. Mais nous sommes à Los Angeles, et vous devez savoir qu’ici, rien ne va comme on le pense. Je crois que le jour où ma vie a totalement changée est lorsque ma sœur, Lyly-Rose, a surpris mon père en train de batifoler avec ma tante Olivia. Quelque chose ce jour-là se brisa. Tous les idéaux que j’avais sur ma famille, sur mon père, s’envolèrent en fumée. Mon monde s’effondra autant que celui de ma mère. J’avais la haine, je détestais mon père au plus haut point. Je ne vécus pas très bien le divorce de mes parents, et il était évident que je pris le parti de ma mère.  Je pense que le divorce m’a tellement affecté que c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions sur moi-même, sur ma vie. J’ai développé une attirance pour les garçons. D’où cela venait-il ? Je ne le sais pas. C’était sûrement enfoui en moi depuis longtemps et je ne voulais pas le voir. Le premier garçon pour qui j’ai commencé à avoir des sentiments était mon meilleur ami de l’époque. Ce dont je n’avais pas conscience, c’était que je me renfermais sur moi-même. Je délaissais un peu Jade également. Malgré le fait que je me sentais attiré par les hommes. Je ne me considérais pas comme gay. Pour moi, ce n’était qu’une passade, le stresse avant mon mariage avec Jade. Mais lorsqu’un jour, j’eus tenté d’embrasser mon meilleur ami sous les douches des vestiaires de l’équipe de basket, je compris que cette passade allait être plus longue que prévue. Mais je me refusais à ce qu’elle soit définitive. Le fait que mon ami m’eût rejeté et me fasse virer de l’équipe de basket, soulevait beaucoup de rumeurs sur ma sexualité. C’est un gay affirmé qui aura tenté le premier à savoir si les rumeurs étaient fondées. Lors d’une soirée bien arrosée, le jeune homme tenta de m’embrasser et plus. Heureusement, malgré le fait que je sois complètement saoul, je l’avais repoussé. Ce qui n’arrangea rien. Car le jeune homme, blessé dans son égo, s’amuse depuis lors à raconter à tout le monde qu’on aurait couché ensemble. Bullshit, évidemment. Jade me quitta le lendemain et je fus la risée de tous.  Les joies du lycée quoi.

Ma première année de fac avait bien commencé pourtant. Je me faisais discret, j’allais en cours et j’avais de bonnes notes. Sauf que cette histoire a ressurgi et un groupe de mec a commencé à me taquiner avec ça et on en est venu aux poings. Le blâme m’est retombé dessus et j’ai été suspendu. Quand mon père a su que j’avais été viré de la fac, il était fou de rage. C’était le seul point positif d’ailleurs.

Voilà, je pense avoir tout dit, je pense. Vous me connaissez un peu mieux maintenant.

Je me tus et j’observai mon interlocutrice qui me fixait droit dans les yeux. Durant tout le temps de mon histoire, elle prit des notes, acquiesçait de la tête et lâchait quelques « mhmm mhmm » comme ils ont l’habitude de dire. Je la voyais intéressée par ce que je racontais, compréhensive même. Mais je voyais dans ses yeux qu’elle voulait en savoir plus. J’avais raison.

- Mais Eliott, j’aimerais savoir. Comment te décrirais-tu ? Quel genre de garçon es-tu ? Me demanda-t-elle.

- Je pense être quelqu’un de franc et d’honnête. Je n’ai pas pour habitude de cacher ce que je pense. Mais le fait d’être gay rend cet aspect de mon caractère difficile à percevoir. Je suis quelqu’un de stable, de loyal et fidèle. On peut compter sur moi. Je suis ouvert et sociable, je n’ai pas peur d’aller vers les autres. J’adore même faire de nouvelles rencontres. Ma plus grande peur est de me retrouver tout seul. C’est pourquoi, j’attache beaucoup d’importance à ma famille, du moins à ma mère et à ma sœur, ainsi qu’à mes amis. Sinon, comme tous les jeunes de mon âge, j’aime faire la fête. Le basket est ma passion depuis que je suis tout petit. Le fait que je sois grand m’a toujours aidé dans ce sport. Je pense également être  protecteur ce qui me rend jaloux parfois.  Je suis souvent blasé par le comportement de certaines personnes et je suis assez impulsif…

Elle me fixa du regard puis griffonna quelques notes dans son petit cahier. Elle releva la tête et continua de m’analyser.

- Donc ton père t’envoie cet été à Jurassic World comme « punition » ? demanda-t-elle avec un air très sérieux.

J’acquiesçai puis me cala confortablement dans mon fauteuil. Je n’y pouvais rien si mon père n’avait pas compris la notion de punition. Quoi que.

- Il m’a expliqué que j’avais besoin d’être dépaysé du monde. De réfléchir sur moi-même, sur mon avenir. Et quoi de mieux que de faire un bon de 65 millions d’années dans le passé pour cela, pas vrai ?