Un air de musique résonne dans ma tête, si en soit je reconnais la mélodie et laisse danser ma tête au rythme de cette dernière, je n'ai même pas conscience de ce que j'écoute, c'est devenu presque machinal, un bruit de fond mais cela m'importe peu. Après tout si cela est sur ma playlist c'est que c'est forcément bien et à un moment je sortirais peut être assez de mes rêveries pour reconnaître un couplet et ainsi me situer dans cette dernière. Mais pour le moment je m'en fous, je ferme les yeux, je me laisse bercer par ce rythme en pensant à diverses choses qui me plaisent, comme le film de la nuit dernière, la soirée billard avec mes amis la semaine dernière, le visage de ma copine, illuminé par ce si radieux sourire chaque fois qu'elle me voit. Mais aussi je pense à ses formes, à sa peau, à sa chaleur … et à celle de sa meilleur amie … mais aussi du copain de celle ci. Je me mordille légèrement la lèvre inférieur et sur le coup l'envie de poser ma main juste un peu plus bas entre mes cuisses se fait tentante. Sauf que je suis réveillé en sursaut, arraché à ces images par une claque derrière la tête de la part de ma mère alors que je me redresse d'un bon, retirant ma capuche et faisant glisser mon casque derrière mon cou. Quoi encore ? Elle a l'air agacée … agacée par mon manque de réactivité, par mon air blasé et surtout agacée par ce soupir d’ennui que je pousse en comprenant ce qu'elle me demande : Il est temps de se préparer, il est temps de babysitter Gray pendant une bien trop longue période à mon goût …

C'est ainsi que je me suis retrouvé à l'aéroport la valise chargée et à devoir garder un œil sur cette petite tête bouclée qui se tient à côté de moi, surexcité au point de m'exaspérer totalement. Il ne comprend pas la raison de notre départ, il ne sait pas pourquoi on s'éloigne … mais peut être est-ce mieux ? Il était agaçant, c'était un boulet, mais c'était mon petit frère et savoir que notre famille se brisait … je ne lui souhaitais pas, alors je faisais cet effort … bien que le cœur n'y était pas forcément. Je fermais de nouveau les yeux un instant et voilà que je me remémorais les lèvres sucrée de ma petite amie, me donnant ce dernier baiser avant que je parte et me demandant de ne pas l'oublier … elle aussi était gentille au fond, sans doute lui enverrais-je des photos, cela lui ferait plaisir. Mais en même temps … aussi loin elle ne me servait à rien. Après un énième rappel de mes parents sur le fait que je devais surveiller Gray, enfin nous pouvions passer la sécurité, rejoignant la salle d'attente où nous pourrions tranquillement attendre une demi heure de plus, dans le cas le plus chanceux, l'avion qui devrait nous amener sur le lieu de travail de notre tante, là où elle vivait aussi et le rêve depuis toujours de Gray : Jurassic World.

Après un long, très très long trajet, depuis les hublots de l'avion nous pouvons enfin la voir, Isla Nublar. C'est là bas que se trouve Jurassic World, d'ailleurs nous ne pouvons voir que cela, ses immenses installations, ses grands bâtiments et hôtels, son bassin aménagé pour le Mosasaure. Malgré moi je ne peux m'empêcher de pencher la tête pour regarder, une pointe de nostalgie me venant et me faisant sourire en coin, même si je refuse de l'admettre et que bien vite je reprend mon air renfrogné quand Gray commence à s'agiter en me décrivant chaque lieu qu'il a étudié sur internet. La descente se fait alors en douceur, nous suivons le flot de touriste jusqu'au point de rencontre où déjà une dizaine de personnes attendent avec des pancartes, des bâlons, des peluches, n'importe quoi les gens qu'ils sont sensée retrouver et déjà ce sont les embrassade. Ce qu'il manque ? Notre tante Claire … à la place se trouve une brune, l'air un peu potiche, sans doute pas vraiment habitué à quitter son petit bureau ou les backstage. Je serre un peu les poings … mais en même temps je m'y attendais … Sept ans … cela fait sept ans que notre tante ne nous a plus vue. Si fut un temps notre vie l'intéressait, maintenant nous n'étions plus que d'inconnus neveux à qui elle envoyait des chèques aux anniversaires avec une carte écrite sans doute par cette femme qui devait nous garder. Et cela ne s'arrangea pas après, car du peu de temps où l'ont pûmes la voir elle n'avait encore une fois que peu d'intérêt pour notre présence. « Trop de travail ! » disait-elle ! Zara, cette fameuse femme, nous ferait la visite … Si notre mère apprenait une telle chose elle en piquerait une crise. Mais qu'importe, si elle voulait la jouer ainsi moi même j'irais de mon côté, je ne comptais pas suivre cette femme comme un docile petit chien que l'on va promener, même si pour cela il allait falloir que j'abandonne souvent Gray … Je m'en voulais un peu, mais je ne pouvais pas me le traîner partout comme un boulet, sa présence me gênait pour certaines activités. Puis bon, à son âge, Zara pourrait au moins lui être utile à lui, elle lui ferait voir les attractions …

Quoi qu'il en soit, après ce jour il m'arriva souvent de m'éclipser, généralement sans prévenir. Je vadrouillais ici et là, menais mes propres aventures et testais la sécurité de telle ou telle attraction et surtout je m'amusais à croiser des regard, lancer des sourires à quelques personnes que je ne reverrais sans doute jamais mais qui pour le moment me divertissais rien qu'à ce jeu de séduction sans parole et bien souvent sans aboutissement, ce n'était pas le but. Seulement le temps se faisait de plus en plus long, il était clair que nous étions là pour un moment car nos parents n'arrivaient pas à régler leurs affaires et notre séjour ici se voyait prolongé. Pas plus mal ! Après tout nous avions droit à une des meilleures chambres dans le plus luxueux hôtel de l'île. Seulement le parc je commençais à franchement ne plus savoir où aller, alors j'ai commencé à m'intéresser à ce que je pouvais y faire de plus concret. Je fis alors le tour des commerces jalonnant les rues de Jurassic World. Parlez de mes liens familiaux avec la fameuse Claire Dearing fut d'un grand secours ! Bien qu'étrangement accompagné de regards compatissants quand pas carrément agacé. L'important dans tout cela, c'est que je parvins à me trouver un petit boulot, dans un des bars du parc. Je n'avais certes pas vingt-et-un ans, mais quelques privilèges aidant, je pouvais tout de même travailler au comptoir tant que je ne consommais pas. Ainsi je pouvais occuper mes journées, oublier le divorce, oublier Claire ainsi que Zara mais surtout me décharger de la culpabilité de ne pas m'occuper de mon petit frère comme j'aurais dû le faire … cependant c'était trop me demander pour l'instant … mais surtout avec ce boulot je pouvais rencontrer des gens et ça c'était absolument parfait ! Au moins on ne pourrait pas dire que mon séjour là bas aurait été inutile.